Dream & Nightmare |PV THALIA GRACE|

I'M THE DEVIL, YOU KNOW ?

11h30. Mon réveil sonne. Je le hais.

Je croyais l'avoir mis à sonner à midi et demi ... Mais bon, l'important est que j'ai pu, une fois de plus, rater les cours. Quel ennui, quand on y repense ! Plusieurs heures à rester dans une salle surchauffée dans laquelle flotte une odeur de moisi et de transpiration, très peu pour moi ! Je préférais mille fois me balader, et être libre. Ça c'était une vie. Ceux qui veulent nous bourrer le crâne de tant de choses inutiles devraient être exécutés ... De plus que moi, en bon winner, je n'ai aucunement besoin de ces cours à la noix, ha ! J'ai déjà ma magie, polyvalente et bien pratique ! En attendant, le modeste jeune homme que j'étais devait aller se remplir la panse, et je n'étais pas du genre à manger de l'écureuil grillé. Alors, même si ce n'était pas du grand luxe, je préférais aller grailler dans la cantine plutôt que d'aller dépenser mon pognon au restaurant. De plus, j'aurais une fois de plus droit aux questions des serveurs telles que "Vous êtes majeurs ?" ou "Vous me semblez bien jeune pour prendre de l'alcool ...", tss ! De vrais pots de colles ! Evidemment que je suis majeur ! J'ai la tête d'un gamin ou quoi ?!

C'est sur cette magnifique pensée que je me décidai à sortir de mon lit. D'une main, je frottai mes cheveux couleur cobalt, histoire de les mettre encore plus en bataille qu'ils ne l'étaient sur le moment. De l'autre, je me grattai le torse sous mon pyjama noir aux carreaux rouges. Le regard perdu dans le vide, vaguement défoncé, les idées en désordre, j'aurais presque l'air d'un gars sympa comme ça. Mais la réalité n'est pas toujours celle que l'on croit être ... Tout en méditant sur ces paroles, je fis craquer ma nuque, mes doigts et mon dos. Beau début de journée ! Un petit sourire sincère apparut sur mon visage. J'étais vraiment heureux ... ça ne m'était pas arrivé depuis plusieurs semaines. Peut-être était ce le fait que je me sentais totalement mou, ou peut être était ce le magnifique temps dehors. A travers les rideaux du dortoir, les rayons du soleil éclairaient la salle avec splendeur. Je m'habillai en prenant mon temps, et lorsque je m'apprêtai à passer mon jean, j'eus une idée. Puisque cette journée était zen, je le serai tout autant. Abandonnant le tissu noir sur mon lit, je tirai de mon armoire un magnifique kimono de mes couleurs préférées : le rouge sang, et le noir des ténèbres, un noir profond. Sans vouloir me vanter, cet habit m'allait parfaitement, et je ne le sortais que pour les grandes occasions. Mais aujourd'hui était un grand jour ! Avec le maximum de délicatesse dont j'étais capable, je l'enfilai. Je m'observai un moment dans le miroir collé à la porte droite du placard, et, après m'être aspergé d'un peu de parfum pour homme et avoir resserrée ma ceinture de tissu rouge, je sortis. Le bas du yukata, une sorte de longue jupe noire, descendait jusqu'à mes chevilles. Je chaussai mes sandales, et fermai la porte d'un geste fluide.

J'arrivai dans le réfectoire juste à temps pour le déjeuner. Plusieurs groupes s'étaient déjà formés autour des nombreuses tables, et par chance, une table, celle du fond, collée au mur de la cuisine, juste à côté du frigidaire, la plus froide - et donc la pire - était libre. Sous les regards étonnés de plusieurs gamins en tenues sobres, je pris mon plateau, y posai une entrée, un plat et un dessert au hasard, et partis m'asseoir seul. Tranquillement, je commençai à manger, à jouer avec ma nourriture, lorsque je me dis que tout ça n'était pas assez drôle. Effectivement, cette atmosphère était trop calme pour moi. Je ne dédaignai pas quelques instants de douceur, mais mon côté sadique n'était pas mort pour autant que je passe une heure sans insulter quelqu'un ... Du coup, il me fallait bien saouler quelqu'un là. Lentement, je me tournai du côté de l'allée, et sans regarder son visage, je fis un rapide croche pied à la première personne qui passa. Allait-elle tomber ? Se vautrer ? S'écraser ? Tant de synonymes pour une chose si amusante ! Je me réjouissais d'avance de voir le visage empli de rage de l'étudiant que j'avais légèrement "bousculé" ! Sur ma figure s'étendit un sourire moqueur, mêlé à un sourire franc. Je l'interpellai :

« Eh, faut tenir sur ses deux jambes pour avancer ! Hahaha ! »

RÉBELLION & SÉDUCTION

Le temps de relever la tête et de la secouer pour écarter quelques mèches de cheveux gênant ma vision que l'autre s'était déjà relevée. Ou plutôt, c'était ce que je croyais dans un premier temps. Apparemment, bien que perdue dans ces pensées, l'inconnu à qui j'avais joué ce si bon tour avait échappé au sol dans sa face ! Agrippée au coin de la table à côté - si je peux utiliser ces mots pour la table que mes "voisins" avaient décalée pour être au plus loin de l'étrange personnage que j'étais - elle me lança un regard haineux, accompagnée d'une jolie petite réplique :

« Je crois bien oui... Mais même si on a deux jambes, la vue d'un crétin tel que toi fait perdre l'équilibre ! »

Hoho, mais c'est qu'elle avait de la répartie celle-là ! Pour une fois que je tombe pas sur une chialeuse à lunettes qui part sans demander son reste ! Eh bien, c'en était déjà fini de ma petite journée à la cool, ma véritable nature revenait au grand galop. Je m'appuyai sur la table pour me relever, et quittai ma chaise en évitant de m'empêtrer dans le bas de mon kimono. Je m'approchai d'elle et prit une voix doucereuse ainsi qu'un faux regard de compassion.

« La miss se rebelle ? J'aime ça. »

Je levai ma main droite et attrapai son menton pour qu'elle me regarde dans les yeux. Effectivement, ainsi accrochée à la table, je la dépassais d'une bonne tête - étant donné que j'étais un peu plus grand que la moyenne en temps normal. Mes manches se balançaient, et j'étais si près d'elle que je pouvais sentir le souffle de sa respiration sur mon visage ... Un beau morceau en tout cas. Quoiqu'un peu coincée pour moi. Je la relâchai et me rassis doucement. Tournant ma chaise pour être face à elle, je plantai mon regard malin dans ses yeux, et sourit, de l'air de quelqu'un qui contrôle tout. Je savais évidemment que je ne contrôlai presque rien à ce moment là, mais au cas où, ma magie me protégerait. J'avais donc entièrement confiance en moi lorsque je lui lançai :

« Au fait, moi c'est Fukuwa. Mon nom, tu t'en fiches, je pense qu'on peut se tutoyer. Et toi, ma biche ? »

J'aimais bien ce rôle de séducteur, même si je n'avais en aucun cas l'envie d'en faire ma petite amie ... Il me faudrait surement attendre encore avant de trouver une âme soeur aussi subtilement vicieuse que moi.

LOVE IS A STRANGE THING, ISN'T IT ?
Music

D'un coup, elle changea. Son caractère rebelle disparut, et elle devint plus sympa ... Enfin, c'est ce que disait son sourire candide. Mais personne, absolument personne, ne pouvait changer ainsi en une seconde. Ça sentait le coup fourré. Mais après tout, je lui devais bien ça ... J'avais pas été des plus gentils avec elle. Eh bah, j'étais vraiment bipolaire moi ! Tripolaire même ... Un moment j'étais zen, l'autre moqueur et l'autre, un bon samaritain ! Mais bon, ça ne justifiait pas de dépenser une centaine de billets chez un médecin de pacotille. Toujours dans son rôle d'innocente petite fille, elle s'approcha de moi, et fit sa consentante. Si elle voulait m'appâter avec un baiser, pourquoi pas, haha ! Je ne lui reprocherai pas ! Mais soudainement, ma chaise disparut sous mon derrière, et j’atterris lourdement à terre ! Un peu secoué, un air surpris passa sur mon visage durant une seconde, puis je lui souris, d'un sourire franc et sincère. Et voilà, je redevenais zen ... Il fallait vraiment que j'aille me faire soigner.

En quelques secondes, je fis appel à ma magie pour créer un tapis volant avec ces petits carrés bleus virtuels que je faisais apparaître selon mon bon vouloir. D'un geste de la main, paume vers le haut, je fis s'élever le tapis. Assis en tailleur sur cette carpette fictive, je me sentais bien. Pas besoin de rester debout ... A deux mètres de la jeune fille, Thalia m'avait-elle chuchoté après sa sympathique bousculade, j'en profitais pour regarder autour de moi. Les élèves s'étaient séparés en deux clans : ceux qui nous regardaient avec étonnement et ceux qui faisaient semblant de n'avoir rien vu. Je lâchai mon meilleure sourire au premier groupe, puis reportai mon attention sur l'insoumise. Elle ne semblait toujours pas disposée à m'accompagner ... Effectivement, et presque sans que je m'en rende compte, j'avais changé d'avis sur elle. Le temps de me poser un peu, je m'étais aperçu que son caractère farouche m'attirait. En plus d'être dotée de beaux atouts et d'un magnifique visage, ainsi que d'une certaine désobéissance, elle avait ce quelque chose qui nous était propre à tous les deux ... Cette chose qui, naturellement était présente, mais qui pouvait s'accentuer ou au contraire, se retirer quelquefois. Cette lueur dans nos yeux. Était-ce elle qui m'apaisait autant ? Dans un mouvement d'espoir,je fis disparaître le tapis sous moi, et retombais sur mes pieds. Je m'approchai à nouveau d'elle, moins près qu'avant, et cette fois, sans aucune pensée de lui pourrir sa journée.

« Tu sais que t'as de beaux yeux ? Je mens pas, crois moi. Ce sont ... les mêmes ... que les miens. »

C'était sorti tout seul. Je pris sa main droite dans les miennes et fronçai les sourcils en observant ces pupilles. A bien y réfléchir, c'était vrai. Nous avions la même détermination qui étincelait dans nos prunelles.